Tendances du marché des bronzes du 19ème siècle
L’année 2006 a consacré Rembrandt Bugatti comme étant le sculpteur animalier le plus coté. Pour la première fois, à Paris, un bronze atteignait l’enchère record de 800.000 € : l’œuvre, un Eléphant d'Asie au feuillage fut dispersée par Christie's Paris le 8 juin.
Six mois plus tard, ce record était déclassé à New-York lors d’une vacation Sotheby’s par un Babouin Sacré Hamadryas estimé entre 500.000 et 800.000 $ et adjugé pour 2 millions de dollars (plus de 1.515 million d’€). Entre 1999 et 2000, cette même œuvre s’échangeait entre 420.000 et 480.000 €, notamment sous le marteau de Tajan en juin 2000.L’artiste a la cote : son indice des prix a progressé de +440% depuis 1997. Il est désormais difficile d’enrichir sa collection d’un Bugatti pour un budget inférieur à 10.000 €. Seul un plâtre original reste encore accessible entre 5.000 et 10.000 € à l’instar du Chacal vendu à l’antenne parisienne de Sotheby's le 20 novembre 2006 ; même les bronzes d’une vingtaine de centimètres dépassent allègrement les 30.000 €.
Antoine-Louis Barye (voir la gravure) est une référence incontournable dans le renouveau de la sculpture du XIXème et il est, sans conteste, l’artiste le plus prolixe du mouvement avec plus de 200 pièces mises annuellement sur le marché. Cette abondance le rend accessible et le marché français regorge d’œuvres de toutes tailles dont 80% s’échangent pour moins de 8.000 €. Sa cote s’est effondrée en 2004 après un pic dû aux enchères trop fiévreuses de la vacation du 25 avril 2003 chez Christie’s New-York. Cette vente fut la scène d’une bataille effrénée entre acheteurs pour deux sculptures de Thésée combattant le Minotaure, seconde version. La première, estimée 40.000 – 60.000 $, ferraillait jusqu’à 240.000 $, signant le record de l’artiste. Le coup de marteau suivant s’arrêtait à 160.000 $, pour une estimation de 20.000 et 30.000 $ … Ces deux bronzes ne présentaient pas la même patine et la plus chère était numérotée, à la différence de l’autre.
L’année 2003 fut également faste pour François Pompon. Il fut praticien pour les grands sculpteurs de son temps comme Rodin et Camille Claudel avant de créer l’Ours blanc, son œuvre la plus chère. En décembre 2003, une version ancienne de l’Ours décrochait 89.000 € à Pontoise (Martinot-Savignat-Antoine).
Les récents succès de Buggati, de Pompon et de Barye pourraient présager un regain d’intérêt pour l’ensemble des sculpteurs animaliers … ce n’est pourtant pas le cas.
La cote d’Édouard Marcel Sandoz, par exemple, accuse une baisse de 32% en 4 ans. Ses bronzes ont moins de succès que des sculptures uniques, taillées dans la pierre. C’est un Condor en granit qui signait sa plus belle enchère en 2005 chez Sotheby’s à New York à hauteur de 150.000 $, soit près de 128.000 €.
L’un des artistes les plus abordables est Charles Valton, dont 90% des pièces s’échangent pour moins de 4.000 €. Cet élève de Barye s’est spécialisé dans la sculpture de félins, mieux cotés que le reste de sa production.Par exemple, une Lionne dormant décrochait 7.500 € le 24 mai 2007 chez Sotheby’s à Paris tandis que le mois suivant, une pièce plus grande représentant un Cerf au brame était adjugée 900 € seulement chez Leroy A, Paris. Dans des gammes de prix avoisinant 2.000 à 3.000 €, les amateurs pourront s'offrir un grand nombre d'œuvres de Pierre-Jules Mêne, Alfred Dubucand ou Christophe Fratin.
Un article Art Market insight de 2007, source © Artprice.com