Simenon, Georges Joseph Christian, est né à Liège en 1903 en Belgique et décédé à Lausanne en Suisse en 1989 ; le romancier a été peut-être l'auteur le plus publié du 20e siècle.
Simenon a commencé à travailler pour un journal local à 16 ans et à 19 ans il "monte" à Paris, déterminé à réussir.
L'abondance et le succès de ses romans policiers, notamment les « Maigret », éclipsent en partie le reste d'une œuvre beaucoup plus riche.
Simenon est en effet un romancier d’une fécondité exceptionnelle : on lui doit 193 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom, ainsi que 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes. Il est l'auteur belge le plus lu dans le monde.
Les tirages cumulés de ses livres atteignent 550 millions d’exemplaires. Georges Simenon est, selon l'Index Translationum de l'UNESCO de 2013, le dix-septième auteur toutes nationalités confondues, le troisième auteur de langue française après Jules Verne et Alexandre Dumas et l'auteur belge le plus traduit dans le monde avec 3500 traductions en 47 langues.
Le personnage du commissaire Maigret fait une première apparition en 1929, Simenon est alors publié par la maison de l'Inquiétude, avec une série de nouvelles pour Détective, écrites à la demande de Joseph Kessel.
L'un des six premiers romans de la série qu'il propose à l'éditeur Fayard est Pietr-le-Letton (1931), écrit à bord de son yacht l’Ostrogoth.
Le commissaire Maigret, silhouette massive, col de velours, chapeau mou et pipe à la bouche, attend un escroc international dans le hall de la gare du Nord. Voici comment Simenon le décrit :
« La charpente était plébéienne. Il était énorme et osseux. Des muscles durs se dessinaient sous le veston, déformaient vite ses pantalons les plus neufs. Il avait surtout une façon bien à lui de se camper quelque part qui n'était pas sans avoir déplu à maints de ses collègues eux-mêmes. C'était plus que de l'assurance, et pourtant ce n'était pas de l'orgueil. Il arrivait, d'un seul bloc, et dès lors il semblait que tout dût se briser contre ce bloc soit qu'il avançât, soit qu'il restât planté sur ses jambes un peu écartées. La pipe était rivée dans la mâchoire. Il ne la retirait pas parce qu'il était au Majestic. Peut-être, au fond, était-ce un parti pris de vulgarité, de confiance en soi ? »
Pour lancer ses premiers Maigret, Simenon organise le fameux bal anthropométrique à l'entrée duquel on prend les empreintes digitales des invités.
Après avoir lu les tapuscrits des premiers Maigret son éditeur simule un air catastrophé tout en soutenant la proposition du jeune auteur intimidé dont il doute pourtant du succès :
« Vos romans policiers ne sont pas de vrais romans policiers. Ils ne sont pas scientifiques. Ils ne jouent pas la règle du jeu.
Il n'y a pas d'amour, tout au moins d'amour comme on le conçoit dans le roman policier.
Il n'y a pas de personnages franchement sympathiques ou de personnages franchement antipathiques. Vos romans ne finissent ni bien ni mal. C'est désastreux.»
« Ce ne sont pas des romans policiers. Ce n'est pas scientifique. Il n'y a pas de jeune premier ni d'héroïne. Pas de personnage sympathique et cela finit mal puisqu'on ne se marie jamais. Vous n'aurez pas mille lecteurs »
Lorsque l'écrivain arrête sa production, son éditeur consterné n'a de cesse de lui en réclamer d'autres.
En 1967, la publication des œuvres complètes de Simenon commence en France et en Italie. Maigret de Simenon est l'un des personnages les plus connus de la littérature policière. Contrairement à ces détectives de fiction qui comptent sur leurs immenses pouvoirs de déduction, Maigret résoud les meurtres en utilisant principalement son intuition, la recherche patiente et la compréhension compatissante des motifs de l'agresseur.
Le thème central de Simenon est l'existence isolée du névrosé, personne anormale. Employant un style d'une simplicité rigoureuse, il évoque une atmosphère où règnent des tensions névrotiques fortes.
Simenon a vécu aux Etats-Unis pendant plus de dix ans à partir de 1945, et plus tard en France et en Suisse.
Source Encyclopædia Britannica, 1993