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Le Groupe de Puteaux, également connu comme Ecole de Puteaux et Section d'Or, est le nom donné à un groupe d’artistes européens et de critiques étroitement liés au cubisme mais se plaçant dans une approche orphiste « post-cubiste ». Le groupe s’est constitué vers 1911 à l’occasion de réunions régulières de peintres tels Gleizes, Kupka, Léger, Metzinger, Picabia et Marcel Duchamp, auxquels se joint aussi l'architecte Auguste Perret, en vue d’échanger des opinions chez Jacques Villon à Puteaux, alors un village de la banlieue ouest de Paris.

Les trois frères Duchamp

La Section d'or est l'appellation suggérée à Duchamp-Villon par le Traité de la Peinture de Léonard de Vinci.

 

Le nombre d'or, aux proportions idéales, serait la clé de l'équilibre esthétique d'une construction ou d'un tableau. Il est égal à 1,6180339. Connu depuis l'Antiquité avec les travaux du mathématicien Euclide (-325/-265), il est utilisé avec la formule :

 

A/B = (A+B) / A = √5 + 1 / 2 = 1,61803399, A et B étant les longueurs de segments.

 

Alors les proportions sembles idéales à l'œil humain. Par ailleurs, le nombre d'or est maintenant souvent désigné par la lettre (phi) en l'honneur de l'architecte grec Phidias qui l'aurait utilisé pour concevoir le Parthénon d'Athènes.

 

De gauche à droite : Jacques Villon (Gaston Emile Duchamp), Raymond Duchamp-Villon et Marcel Duchamp devant l’atelier du 7 de la rue Lemaître à Puteaux, vers 1910-1915. L'atelier a disparu dans les travaux de construction du quartier de La Défense.

© Centre Pompidou – Bibliothèque Kandinsky, Fonds Duchamp-Villon
Photo Jacques Faujour

Le Groupe de Puteaux a adopté ce nom afin de se distinguer de la définition plus étroite du cubisme développé en parallèle par Picasso et Braque à Montmartre. La célébrité du Groupe de Puteaux date de l’apparition controversée de ses membres (Jean Metzinger, Albert Gleizes, Robert Delaunay, Henri Le Fauconnier et Fernand Léger) au Salon des Indépendants du printemps de 1911.

 

De 1911 à 1914, Villon réunit dans son atelier André Salmon, Apollinaire, Maurice Princet et des artistes hétéroclites qui revendiquent la singularité de leur démarche : « là où le cubisme déracine, la Section d’or enracine » (Villon).

Bien que parti du cubisme orthodoxe, ils élaborent, sous l’influence d'André Lhote, un système de défense stipulant une recherche de l’harmonie et des formes idéales régies par le principe du nombre d'or de la Renaissance, d’où l'appellation "Section d’or" proposée par Villon. En pratique, la plupart des peintres s'intéressent à la géométrie non euclidienne ; ce principe est appliqué de façon plus instinctive que mathématique. Artistes soucieux de s'inscrire dans la modernité, ils s'entretiennent d’art africain, de la quatrième dimension, de géométrie non euclidienne, de futurisme, et des recherches chronophotographiques d'Étienne-Jules Marey et d'Eadweard Muybridge.

La philosophie du groupe est une tentative de contrôler scientifiquement la peinture et les découvertes de Picasso et de Braque par le truchement des techniques classiques de composition dites des "tracés régulateurs"

 

Le caractère intellectuel de leur démarche séduit, en 1912, l’orthodoxe Juan Gris. Il fut sans doute pour ces "cubisteurs", avec Metzinger et Apollinaire, un agent d’informations précieux sur les pratiques des Montmartrois.

Suite au refus du "Nu descendant un escalier" de Marcel Duchamp au Salon de Printemps, et dynamisés par le scandale que provoque l’exposition des peintres futuristes chez Bernheim Jeune en février 1912, ils décident de créer un premier salon et envahissent le vaste espace de la galerie La Boétie en octobre 1912 pour révéler les nouvelles directives du mouvement.

En plus des fondateurs (Gleizes, Duchamp, Metzinger, Picabia) l’exposition réunit une trentaine de peintres et sculpteurs dont Alexander Archipenko, Félix Tobeen, André Lhote, Roger de La Fresnaye, Louis Marcoussis, Francis Picabia, et Frantisek Kupka qui est inscrit in extremis par un des plus jeunes participants Henry Valensi à la fois exposant et secrétaire de l'exposition.

Robert Delaunay qui avait la même année déjà exposé ses nouvelles toiles à la galerie Barbazange avec Marie Laurencin, soucieux d’éviter les étiquettes ne participe pas à ce Salon de la Section d'or (200 tableaux, 31 artistes).

 

Les œuvres présentées se distinguent par l’intégration de la couleur, du dynamisme et d'un "simultanéisme" que Sonia Delaunay développera avec Robert Delaunay en peinture, mode, art décoratif. C’est le deuxième jour de l'exposition qu’Apollinaire donne sous le titre de "Cubisme Ecartelé" une conférence dans laquelle il distingue le cubisme scientifique du cubisme orphique. Il ménage ainsi les susceptibilités, notamment celle du collectionneur et marchand d’art allemand Daniel-Henry Kahnweiler, promoteur de Picasso et de Braque (et plus globalement du cubisme), qui est aussi l’éditeur de son Enchanteur pourrissant.

  • Guillaume Apollinaire (1880-1918)

  • Robert Delaunay (1885-1941)

  • Marthe Donas (1885-1967), belge

  • Marcel Duchamp (1887-1968)

  • Raymond Duchamp-Villon (1876-1918)

  • Roger de La Fresnaye (1885-1925)

  • Albert Gleizes (1881-1953)

  • František Kupka (1871-1957), tchèque

  • Henri Le Fauconnier (1881-1946)

  • Fernand Léger (1881-1955)

  • Louis Marcoussis (1878-1941), polonais

  • Jean Metzinger (1883-1956)

  • Francis Picabia (1879-1953), franco-espagnol

  • Georges Ribemont-Dessaignes (1884-1974)

  • Jacques Villon (1875-1963)

  • Maurice Princet (1875-1973)

  • Alexander Archipenko (1897-1964)

  • Alexander Calder (1898-1976), américain

  • Jeanne Rij-Rousseau (1870-1956)

  • Léopold Survage (1879-1968)

  • Gino Severini (1883-1966)

  • Henry Valensi (1883-1960)

  • Macario Vitalis (1898-1989)

  • Georges Dayez (1909-1991)

  • Daniel Ravel (1915-2002)

  • Jean Marzelle (1916-2005)

  • Marcel Mouly (1920-2008)

  • Claude Schürr (1921-2014)

  • Pierre de Courtens (1921-2004)

  • Laloë ()

  • René Pradez (1933-2013)

Daniel Ravel

Camille Renault, restaurateur, amateur d'art, collectionneur et mécène, a soutenu et fait la promotion de nombreux artistes

Né en 1904, Camille Renault débute dans la restauration en tant qu’apprenti-pâtissier. Il décide en 1925, à seulement 21 ans, d’ouvrir son propre restaurant. Situé à Puteaux à l’angle des rues Edouard Vaillant et de la République, son restaurant va rapidement devenir le lieu culturel et mondain incontournable. On y rencontre des écrivains comme Apollinaire, des acteurs comme Charlie Chaplin ou Ingrid Bergman et, bien entendu, de nombreux peintres comme Picasso ou Vitalis.

Ceux qui l’ont connu le décrivent comme un homme débonnaire, doué d’une grande culture artistique et jouissant d’un flair exemplaire pour repérer les futurs grands maîtres. Le nom de son restaurant, "Big Boy", sonne comme un hommage à sa stature. En effet, la corpulence de Camille Renault attire l’œil puisque son poids oscille entre 120 et 250 kg.

Il devient peu à peu mécène, en offrant les murs de son restaurant comme support d’exposition. De mécène, il devient très vite collectionneur et marchand de tableaux. En quelques années, il se retrouve à la tête de l’une des plus exceptionnelles collections privées dans laquelle se côtoient des signatures prestigieuses comme Picasso, Kupka, Bierge ou Villon.

Camille Renault est lui-même artiste en matière culinaire, un maestro des fourneaux. Fortement influencé par les fauvistes, il joue avec les couleurs des aliments afin de conférer une dimension picturale à chacun de ses mets. Sa passion trouve son expression jusque dans les noms qu’il donne à ses plats. Ainsi, on pouvait déguster une « croustade Kupka », un « turbot Villon » ou un « soufflé Kandinsky ». L’histoire peut commencer, Camille Renault va vivre pour la peinture et la faire vivre à Puteaux.

Sa collection devenant trop importante, il décide d’acquérir, en 1952, une ferme en Normandie pour la transformer en « Bateau de pierre » et en faire un musée. Il s’éteint en 1984, à 80 ans, et repose dans son village natal de Trie-Château, en Picardie.

 

Source : l'hommage rendu par Nadine Jeanne

Camille Renault
Camille Renault par René Pradez

Ce portrait de Camille Renault a été réalisé par René Pradez. Cliquez ici pour lire l'hommage rendu à ce grand peintre par Patrick Archambeaud, amateur d'art.

Portrait de Camille Ranault par Reynold Arnould
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